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 Poi'lo, troll amani béni par l'Ours

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Poilau

Poilau


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MessageSujet: Poi'lo, troll amani béni par l'Ours   Poi'lo, troll amani béni par l'Ours Icon_minitimeVen 24 Oct - 18:44

Dans la forêt vit un ours


- Alors comme çà, mon histoire tu veux la connaître ? Pourquoi je te la raconterais à celle qui a voulu me tuer ? Lança le troll en cage.


Il dépassait l'elfe en taille et baissait les yeux pour capter le regard mauve de son interlocutrice. La créature enfermée était habillée de vieilles loques déchirées depuis longtemps faites du cuir des différentes bêtes rôdant dans les bois des Chants Éternels. Les pièces de cuir couvraient à peine son corps élancé et musclé, passant au dessus d'une épaule et laissant à découvert une bonne partie de sa poitrine. De fines chaînes renforcées par de nombreux enchantements cerclaient ses poignets et ses chevilles, le rendant plus menaçant encore. Il souriait de toutes ses dents à la curieuse qui se tenait fièrement devant lui et soutenait son regard. Le troll captif finit par s'asseoir en tailleurs devant sa nouvelle geôlière et fit glisser le croc d'ours qu'il tenait en collier autour de son épais cou entre ses trois grands doigts. Elle ne le quitta pas un instant des yeux, happée par l'émeraude sauvage qui faisait office d'iris chez son interlocuteur. Elle découvrit des cheveux coiffés comme une crinière de couleur rouge vif. Le troll souriait ironiquement en direction de l'elfe, ses grandes et épaisses défenses pointées dans sa direction comme de grandes lames ivoires.




- Si tu commençais par ton nom, troll ?
- Mon nom, c'est Poi'lo, je suis un Amani, mais ça, ça t'intéresse pas. Ni toi, ni tes chefs. Vous, vous voulez savoir si moi je suis digne de confiance. Vous croyez que ça, ça se trouve dans mon passé. Alors ouais, je vais te la raconter mon histoire. Mais elle est longue et tes journées, elles sont courtes. Et tes nuits vont le devenir si tu veux l'entendre.
- Perds pas de temps et commence-la alors, ordonna l'elfe.
« Je viens de Zul'Aman. tu connais Zul'Aman ? C'est une grand ville au fond de la forêt des Terres-Fantômes. Jamais vos éclaireurs ils ont pu y pénétrer, on s'en est toujours assuré. Sur chaque côté de la ville, il y a deux temples dédiés aux loas. Ceux de l'Ours et du Faucon-Dragon, ils sont au sud de la ville. Ceux de l'Aigle et du Lynx, au nord. Les prêtres, ils habitent chacun dans le côté de leur esprit. Le reste des trolls, il vit au centre dans des huttes, chacun honorant l'esprit avec lequel ils ont plus d'affinités à leur manière. Il y en a a qui disent que les trolls, ils se sont installés dans la cité selon l'esprit, d'autres que c'est les esprits qui ont érigés leurs temples selon leurs suivants. Au milieu de la ville, une rivière coule et nous donne une part de notre nourriture. Le poisson, il y est abondant et de l'autre côté de la rivière, au fond de la ville, ya le chef de guerre Amani qui vit avec son seigneur des maléfices ou sorcier docteur. Personne il a le droit d'aller là bas sans risquer de se faire tuer. Faut attendre que le chef de guerre ou ses hommes, ils te cherchent pour espérer en revenir vivant. Mais même là, il y a rien de sûr quand à ton sort. Pour ce qui est du reste, les abords comme les temples, tu peux y trouver des ruines et vestiges du vieil empire des trolls.


Là-bas, mes parents ils m'ont éduqués et appris à être un vrai troll des forêts. J'ai aussi appris à me battre avec les plus jeunes à force de répondre à leur provocations sous le regard des prêtres de l'Ours. La chasse, je l'ai commencée avec ceux du lynx. La ruse je l'ai eue avec le Faucon-Dragon et l'Aigle il a essayé de me donner sa sagesse. Mais aucun loa n'a su remplacer l'Ours sur mon esprit car sa rage m'habitait. Mes parents, ils disaient que c'était ça les trolls d'aujourd'hui mais qu'avant, on était ordonnés et soudés. Mais je continuais de me battre, de mettre ma fureur dans mes poings et d'écraser le premier crétin à ouvrir trop grand la bouche. Je brise des dents, des défenses et des os chez mes frères. Je me contrôlais pas quand je me lançais dans un combat. Mes parents, ils me racontaient l'histoire des trolls, des nôtres qu'avaient été bénis avant par les loas. De toutes, c'est celles qui concernaient l'Ours qui me fascinaient le plus. J'ai pris exemple sur lui tout le long de ma vie et aujourd'hui encore je suis ses enseignements. Quand on nous demandait d'aller dans la forêt chasser, tous mes frères, ils s'attaquaient aux lynx. Des proies faciles. Je cherchais l'ours pour aiguiser ma fureur et mon endurance face à la plus grande des proies. Puis vint le moment où on devait se décider quand à ce que l'on allait devenir pour les Amani.
Yen a, ils sont devenus belluaires et ont suivis le loa du lynx, d'autres qui ont préféré le loa de l'aigle ou du faucon dragon. Moi j'ai suivi celui de l'ours. On m'a dit que c'était pas la plus facile des voies, mais elle m'appelait, je le sentais au fond d mon âme. Mais la fureur qui brûlait au fond de mon âme, j'arrivais pas à la contrôler et souvent, je massacrais mes adversaires au point que je devins un paria au sein de mes confrères de l'ours. Je m'étais habitué à la haine et la méfiance de mes frères qui suivaient les enseignements de l'ours. A nouveau je subissais des provocations futiles. Il suffisait d'un regard pour dissuader mes frères de mettre leurs menaces à exécution, tous reconnaissant ma force et en ayant peur. Mais ma réputation, elle allait au-delà des trolls qui suivaient l'ours. Même les autres ils étaient inquiets. Au point que personne il venait me voir pour me faire participer aux assauts contre ton peuple envahisseur. J'étais vexé, énormément, mais surtout fier d'inspirer une si grande crainte au sein de mon peuple car je pensais que si eux, ils avaient peur comme ça, alors le tien il devait avoir aussi peur. J'étais encore jeune à ce moment et ma fierté, elle m'a fait oublier que si je voulais que les elfes, ils aient peur, alors il fallait que je les combatte. »
- Bellestra, faut y aller , cria une voix de l'autre coté du couloir !
- Tu t'arrêtes là ? demanda timidement la ravisseuse.
- Il est tard, lança le troll en regardant par dessus l'épaule de l'elfe. La nuit elle est noire déjà. Ton ami, il a besoin de toi et moi, j'ai besoin de repos.


L'elfe se releva doucement, elle s'était assise contre le mur en écoutant le troll parler et avait enlevé la cagoule noire qui masquait son visage. Plongé dans son histoire, Poi'lo n'avait pas remarqué les cheveux roux coupés courts de la jeune femme d'où dépassait de fines oreilles pointues. Tout ce qu'il connaissait de cette femme c'était ses yeux mauves, une petite voix innocente et pourtant chargée de conviction ainsi que la tenue noire cousue d'un rouge écarlate. L'elfe était maigre, il aurait pu la broyer en deux si ça avait été nécessaire, et pourtant une force certaine se dégageait d'elle. Elle secoua négligemment la tête pour ensuite remettre sa fine cagoule noire sur ses cheveux en partant. Le troll la vit disparaître dans les ombres du couloir de la même manière que les félins jouent avec l'ombre puis s'allongea, le regard tourné vers le mur gris du fond de sa cellule. Il grogna doucement tandis qu'une voix sifflante se fit entendre derrière lui. 
- Fais lui du mal troll, et je t'égorge aussitôt après.
- Les serpents, ils ont jamais tué d'ours, ricana Poi'lo.


Un bruissement de cape se fit entendre et laissa le captif seul, dans sa cellule sur un sol froid et humide. Le troll poussa un long soupir de solitude, regrettant la vie qu'il menait à l'orée des Bois des Chants Éternels, allongé sur un tapis de mousse et de feuille pour passer les chaudes nuits de la région. Il poussa un long soupir en se retournant vers les barreaux et plongea son regard dans le ciel nocturne et étoilé, spectacle qui l'apaisait particulièrement. De toutes ses forces, il chercha à se libérer de ses chaînes en tirant dessus mais les enchantements présents en leur sein résistèrent à toutes ses tentatives. Il laissa tomber ses mains sur le sol dans un tintement sonore et commençait à regretter son idée quand il perçut une silhouette dans l'ombre. La jeune fille à qui il contait son histoire était revenue. Elle libéra ses mains des gants noirs faits de cuir qu'elle portait puis s'assit à la place qu'elle avait quitté quelques heures auparavant. Heureux de retrouver un peu de compagnie, il adressa un étrange sourire à la sa geôlière qui se démasquait à nouveau puis se rassit à nouveau. Il ne distinguait d'elle qu'une silhouette fugace dans la nuit, éclairée par la lueur blafarde de quelques étoiles. L'elfe semblait découpée par morceaux, découvrant au conteur un bout de sa chevelure rousse égayée de quelques pointes rebelles, un autre rai de lumière glissait sur sa joue. Son costume restait aussi noir que les ténèbres qui l'entourait malgré les diffusions lumineuses qui tentaient de la découvrir.
- Continue ton histoire, troll.
- La nuit, elle est faite pour dormir, elfe.
- La nuit est mon domaine, maintenant tu continues ton histoire.
- Moi, j'ai besoin de dormir, lança le troll en se retournant.
- Je resterais là toute la nuit à attendre que tu délies ta langue.
- Tant que tu m'empêches pas de dormir.


Bellestra détacha sa cape et s'en servit de couverture avant de s'allonger sur le sol, un œil rivé sur la grande ombre du prisonnier. Il se soulevait et s'abaissait au rythme de sa respiration tranquille. Malgré les chaines solides et les barreaux qui la séparaient de ce qu'elle considérait comme une créature immonde, elle ne pouvait s'empêcher d'être inquiète pour sa sécurité là où elle se trouvait actuellement. Ce sourire que lui avait adressé sa récente prise l'avait troublée et avait fait grimper un sentiment d'inquiétude quand à sa décision de l'épargner. Elle remua un peu pour ajuster sa position et émit un discret froissement de tissu. Le troll grogna et s'assit en tailleurs, fixant de ses yeux luisants celle qui lui tenait compagnie pour la nuit.
- T'es pas encore partie ?
- Le silence a autant de bon que les ombres.


«  Je vais te la raconter la suite. Mais elle va être longue. Je m'étais arrêté quand j'ai voulu apprendre à tuer les tiens, c'est çà ? La chasse, je la faisais pour moi, et les bêtes, je savais les tuer déjà. Les prêtres, ils m'ont dit que ma fureur, fallait que je l'utilise contre mes proies plutôt que mes frères. Je l'ai fait, mais ça satisfait pas mon esprit. Je voulais toujours plus. Alors les prêtres, ils m'ont appris à combattre contre mes frères, en pensant que eux, ils me calmeraient. Et la fureur elle me quittait pas. J'ai de nouveau été mis à l'écart en attendant que les prêtres, ils parlent à l'Ours pour qu'il calme la fureur qui brûlait dans mon âme mais l'Ours, il aimait cette fureur, il leur a dit que c'est ainsi qu'il m'avait béni et que c'est moi qui devait apprendre à le gérer, ce don. J'ai jamais vraiment cru à tout ça. Tu bénis pas un frère avec le pouvoir et la volonté de massacrer les siens. Encore moins en ces temps. Mais les prêtres, ils ont dit que c'était l'Ours qui leur avait parlé alors ils ont écoutés et ils m'ont dit de faire partie des escouades qu'on envoyait massacrer vos guerriers. Des embuscades j'en ai tendues, et les vôtres, j'y ai survécu. Je me sentais bien dans ces escarmouches, je pouvais libérer tout ce que je contenais en moi et suivre cette soif de sang qui m'animait. Vos hommes ils étaient faibles, moi et les miens on les a massacrés et fauchés comme du petit bois ! »


Poi'lo ne put contenir le rire sadique qui grimpait en lui. Il fixait l'elfe avec une telle rage sanguinaire au fond de ses pupilles que Bellestra se demandait si c'était bien le même troll que celui qu'elle avait capturé. Il riait encore et encore puis finit par se calmer sans que la violence dans son regard ne disparaisse. Sans qu'elle s'en rende compte, elle avait reculé et s'était éloignée de la cage où le monstre l'observait. Ses mains s'étaient posées sur ses dagues et n'attendait qu'une chose, une occasion en or pour égorger le troll captif. Quand le prisonnier prit conscience de l'effet qu'il produisait chez la jeune femme, il ferma quelques instants les yeux avant de les rouvrir avec une certaine sérénité, la violence ayant disparu de ses pupilles. Il hocha lentement la tête et tapota de la paume sur le sol pour demander à la jeune femme de revenir s'asseoir. Elle laissa glisser ses dagues au fond de leurs fourreaux et reprit place, la cape couvrant son corps. La jeune femme fit un léger signe de tête au troll pour lui indiquer qu'il pouvait continuer pendant qu'elle cherchait un peu de confort contre le mur. Après s'être raclé la gorge, il reprit son récit d'une voix calme et posée.


« Tu viens de le voir, j'ai encore du mal à la contenir, cette fureur. Mais mon peuple, après avoir eu peur, il adulait mes combats au point que les défis de mes frères, ils se firent plus nombreux. Mais plus par méfiance. Non, il me les lançaient dans le seul but de me prendre le titre de champion de l'Ours. Un par un, je les massacrais. Les Anciens, ils m'arrêtaient avant que mon adversaire il succombe à son combat. J'ai jamais gardé un souvenir de mes combats à cette époque. La fureur, c'est tout ce dont je me souviens et aujourd'hui, t'as vu que je la contient à peine. Je te demande pas de me plaindre, elfe. Juste de comprendre qu'elle est dangereuse pour les autres comme pour moi. Les, chasses, les combats, les escarmouches, je vois chaque fois leur commencement, leur fin mais je ne savais jamais ce qu'il se passait entre. Malacrass, il m'a vu combattre et il m'a dit qu'il était intéressé par mon don. Qu'il pourrait faire de moi un grand troll, un grand combattant, le meilleur de tous. J'avais toujours rêvé de ça, devenir le plus grand des Amani, le plus fort, et redonner à mon peuple sa gloire passée ! Comme ton chef de guerre il essaye de faire.


La nuit après, l'Ours il m'est apparu dans un rêve. Il a voulu me parler mais j'ai rien entendu de ses paroles. Des tambours de guerre résonnaient dans ma tête car je rêvais de ma gloire à venir. Et le loa, il devait essayer de me dire quelque chose à ce moment à ce sujet. Puis je me suis réveillé et suis allé voir Malacrass. Il a dit que l'esprit, il lui a rien dit me concernant et que ça devait rester dans mon rêve. Mais chaque nuit, je revoyais l'ours et il était en colère. Je la sentais dans tout mon esprit. Et Malacrass, il continuait de dire qu'il entendait rien de ce qu'il voulait. Il me disait même de continuer à massacrer mes ennemis de ma fureur entière. C'était un seigneur des maléfices, il parlait souvent aux loas alors je l'ai cru et j'ai continué mes massacres, à me baigner dans le sang de mes ennemis, ton peuple et mes frères. Et l'Ours continuait d'essayer de me parler. Mes journées, elles se ressemblaient toutes et semblaient se répéter. Pourtant, je perdais pas l'esprit, je me plaisais dans ce bain de sang. Et l'Ours, il finit par disparaître de mes rêves. J'étais devenu le champion des Amani et menai tout mes groupes à la victoire. J'étais l'inspiration de tous ! »
- Et aujourd'hui tu es en cage … ironisa l'elfe.
- Moque toi, agente, toi tu le peux.


Poi'lo s'allongea à nouveau sur le sol glacé, tourné vers son interlocutrice qui le dévisageait d'un œil curieux. Il plongea ses yeux émeraudes dans ses pupilles mauves jusqu'à ce qu'elle détourne le regard. Il n'avait pas menti sur un seul morceau de son histoire, elle le sentait. Il a vraiment été un guerrier Amani reconnu par son peuple, et elle comprenait soudain les rapports sanglants qu'elle avait vu passer et sur lesquels elle dût enquêter. Elle se releva lentement et glissa dans les ombres avec une grâce féline, laissant le captif seul dans les ombres. Il se remit sur le dos, les bras sous sa tête et ricana sans faire un trop de bruit, fier du respect mêlé de crainte qu'il inspirait à sa geôlière. Mais la nuit finit par emporter le troll dans ses songes et l'esprit de l'Ours lui apparut à nouveau. L'imposant loa s'assit doucement devant le troll et prit la parole d'une voix grave et grondante.
 
- Ce n'est pas en restant enfermé ici que tu sauras maitriser mon don.
- J'ai fait ce que tu m'as dit de faire.
- Oui, et bientôt, Malacrass et les Amani sauront ce qu'est la fureur d'un loa.
- Malacrass …
- Il a commencé à forcer les autres loas, gronda l'Ours. Libère toi de tes chaînes, et vite.


Puis l'ours disparut de son rêve dans un grognement sonore, laissant dériver le troll au gré de ses rêves. Il revit la gloire qu'il n'aurait plus, les chasses parmi les siens auxquelles il ne participerait plus. Il se sentait enchaîné, entravé par quelque chose de plus puissant et qui le dépassait. Cela le rendait furieux. Il se débattait dans ses liens spectraux et finit par se retourner pour voir ce qui le retenait. L'ours se tenait derrière lui, majestueux et fier en le fixant de son regard puissant. Sous patte se trouvait l'origine de ses chaînes, une petite silhouette fluette et maigre qui refusait de les lâcher malgré tout le mal qu'elle avait à garder sa prise. L'ours poussa un rugissement fier en direction du rêveur et ses chaînes disparurent d'un coup, le laissant seul face à ses frères qui, aux regards qu'il recevait, voulaient tous sa peau. Il se battit avec force, rage et fierté, massacrant de ses poings et griffes tout ceux qui tentaient de l'achever. Il créa une pile de cadavres sur lequel il se tenait droit et à la recherche de nouveaux ennemis à massacrer quand son rêve se termina et qu'il se réveilla, allongé dans sa cellule sans savoir ce que cela voulait dire.


Il se retourna lentement, se sentant observé de manière oppressante et se retrouva nez à nez avec l'agente elfe, le visage masqué par l'ombre que produisait le soleil derrière elle. Le troll plissa doucement les yeux et aperçut les yeux mauves de sa geôlière mais un détail n'allait pas. Ils étaient écarquillés et fixés sur les poignets de son captif. Le jeune troll détourna alors les yeux des rayons chaleureux du soleil grimpant et suivit le regard étonné jusqu'à ses mains liées par les maillons enchantés de ses menottes. Au moment où ses yeux émeraudes se posèrent sur ses menottes, il comprit l'étonnement de sa compagnie car ses chaînes étaient brisées et ses bras libres de tout mouvement. Un large sourire fendit son visage et il se tourna vers la jeune elfe qui avait déjà posé ses mains sur ses dagues décorées et reculé de quelques pas. Le troll se mit droit de sorte à dominer clairement l'elfe en taille puis s'approcha des barreaux de sa cellule avec, toujours, ce sourire à pleine dents et presque démoniaque.


- Alors ? On la continue, cette histoire ?


Dernière édition par Poilau le Mer 15 Avr - 8:01, édité 2 fois
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Azuldard

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MessageSujet: Re: Poi'lo, troll amani béni par l'Ours   Poi'lo, troll amani béni par l'Ours Icon_minitimeVen 24 Oct - 19:15

/HRP


Très intéressant et bien écrit. Je crois que je n'ai jamais autant lu de texte que depuis que je visite le forum.
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Poilau

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MessageSujet: Re: Poi'lo, troll amani béni par l'Ours   Poi'lo, troll amani béni par l'Ours Icon_minitimeDim 2 Nov - 11:15

Gloire passée


Bellestra continuait de fixer son captif avec attention, jaugeant chacun de ses mouvements avec attention et prudence. Ses mains s'étaient posées sur les pommeaux de ses dagues et les tenait fermement, tout ses muscles étaient bandés et son esprit prêt à agir pour couper court à la menace que représentait le troll. Le sourire qu'il arborait ne laissait rien présager de bon, il semblait démoniaque, une lueur sanguinaire brillant au fond de son regard. A mesure que le captif se rapprochait de ses barreaux, la geôlière reculait d'un pas jusqu'à rencontrer le mur froid. Instinctivement, elle se mit à chercher une issue d'une main avant de se rappeler qu'il n'y en avait pas, sinon la petite fenêtre au dessus d'elle. Poi'lo posa lentement ses mains sur les barreaux et rapprocha son visage avec l'expression d'un animal en cage, Bellestra sortit aussitôt ses dagues de leurs fourreaux et les pointa dans la direction du troll. Si l'expression de l'elfe était haineuse, son regard disait le contraire, le troll sentait toute la crainte qu'elle éprouvait à son encontre en observant uniquement ses pupilles mauves ce qui provoqua chez lui un fou rire tonitruant.

- Éloigne toi de ces barreaux, ordonna la jeune femme.
- Pourquoi je t'obéirais, à toi qui respire la crainte ?

La remarque fit déglutir la jeune agente, il sentait sa peur et cela voulait dire qu'elle n'avait plus aucune autorité valable sur lui. Qui obéirait à quelqu'un qui le craint ? Elle raffermit sa prise sur ses dagues au point que cela en devint douloureux, oubliant ainsi sa peur vis-à-vis de la créature qui se tenait devant elle de manière triomphante. Car son prisonnier n'en restait pas moins une bête à ses yeux, et son peuple ne fuit pas devant les bêtes. Le regard de l'elfe se durcit d'un coup, tout effroi se terrant au fond de ses yeux disparaissant aussitôt.

- Je ne le répéterais pas, troll. Recule.
- Tu veux me repasser tes petites menottes magiques ?
- Aucune intérêt, répliqua-t-elle sèchement. Si tu peux les briser, il ne sert en rien de t'en remettre.
- Je ne m'échapperais pas de ta prison, elfe. L'ours, il m'a dit de combattre contre ses ennemis, et vous n'êtes pas ses ennemis. Tu peux ranger tes armes, tu n'as rien à craindre de moi.

Poi'lo leva les mains et recula lentement jusqu'au milieu de sa cellule sans quitter des yeux l'elfe qui baissait ses lames à mesure qu'il s'éloignait. Il s'assit en tailleurs, au milieu de sa cellule et attendit qu'elle se rapproche pour reprendre le récit de sa vie avant d'être enfermé. Bellestra reprit la place qu'elle avait occupé la veille, se calant contre le mur et en ramenant ses jambes contre son corps. Le troll haussa un sourcil, surprit de tant de calme chez cette frêle jeune fille après la tension qu'il lui avait imposé par son comportement quelques secondes plus tôt. Elle perçut le geste du coin de l’œil et lui décocha un petit sourire amusé, déclenchant un gloussement guttural chez le prisonnier.

- Tu es folle de te mettre à cette distance alors qu'il y a peu, je te faisais peur, lança Poi'lo.
- Et toi complètement idiot de penser que je le suis. Je me connais et sais qu'à cette distance tu ne m'attraperais pas. Continue donc ton histoire.


« Comme tu penses, mais ne sous-estime pas trop les trolls. Encore moins ceux qui sont bénis par un loa. Je t'avais dit que j'étais devenu l'un des plus grands guerriers de toute ma tribu et que tous chantaient mon nom. Mais ça a pas duré avant que je chute du haut de ma gloire. Mes frères ils se battaient pour m'accompagner dans les embuscades que l'on réservait à ceux de ton peuple, et ma rage, je savais la contenir assez pour éviter de massacrer ceux qui combattaient avec moi. Chaque jour je ramenais à mon peuple les têtes de fous qui patrouillaient sur nos terres. Et chaque jour, je fêtais ces victoires avec d'autres guerriers. On honorait aussi les morts partis rejoindre les esprits de leurs ancêtres. Les loas, ils étaient fiers de nous disait Malacrass, il nous incitait à continuer encore et encore, à devenir plus audacieux et il nourrissait nos egos avec des futurs impossibles où les trolls, ils régneraient à nouveau en maître sur Azeroth. Les Zandalari, ils sont même venus nous aider quand ils ont appris comment on s'en sortait face à vous. On retrouvait la gloire passée de notre race. Le chef de guerre, il nous envoyait de plus en plus loin, pensant qu'on récupérait nos terres. Mais un jour, les victoires, elles sont parties et malgré les combats, on gagnait plus de terrain.

Dans les jours qui ont suivis, mon groupe a traqué une petite patrouille qui s'était aventuré trop près de Zul'Aman. On s'est amusé deux jours avec eux. On leur a fait peur, laissés des traces évidentes autour de leur campement, on les a blessés dans leur sommeil. Puis j'en ai eu marre de ces jeux qui n'étaient bons que pour ces chatons quand ils chassent une souris. Ils étaient que trois, le quatrième, mes camarades ils l'ont égorgés dans la nuit en ricanant. Le lendemain, fatigués de leurs lâcheté, j'ai attaqué seuls les trois guerriers elfes qui restaient en plantant les pseudo-guerriers qui me suivaient depuis quelques jours. J'étais bien décidé à leur montrer comment on s'en occupe, de ces envahisseurs. Ils m'ont regardés pendant tout le combat. Tes frères, ils ont sortis leurs lames en tremblant devant UN troll. Je me souviens encore de toutes les sensations que j'ai éprouvé ce matin-là, pendant le combat. Je suis passé sous la première épée en glissant sur la mousse humide de la forêt et j'ai attrapé la jambe du premier guerrier pour le faire tomber. Le second à essayé de me planter sa lame à la fin de ma glissade et j'ai évité sa lame en roulant sur la droite sur quelques mètres, dans la boue. Il a tout de même réussi à entailler mon bras et a bondi devant moi au moment où je me relevais. J'évitais son coup sur la droite quand le troisième m'a assommé d'un coup de pommeau sur le crâne. Je me suis effondré en sentant chaque goutte de mon sang filer le long de mes tresses et en entendant mes frères hurler les noms de leurs ancêtres.
Là, mon histoire elle prend une tournure spirituelle, je peux te l'épargner si tu veux. Ça t’intéressera pas forcément, ni toi, ni ceux qui t'emploient. »

- Ne t'inquiètes pas de ce qui m'intéresse ou pas et raconte tout, déclara la voleuse avec une once d'intérêt dans la voix

« C'est toi qui vois. Je me suis effondré dans la boue pendant que mes guerriers, ils venaient me secourir. Je me suis réveillé dans un autre monde, une autre forêt. Elle était sauvage et bien plus claire. Les animaux, ils semblaient y vivre sans se soucier de quoi que ce soit. La Nature, elle avait tout les droits et nos races elles avaient jamais existé ici. C'est là que j'ai entendu pour la première fois le loa de l'Ours. Sa voix elle a grondé et résonné dans chaque arbre et racine de la forêt en plus d'envahir mes pensées. Assis sur son grand rocher, il m'a ordonné de me relever et d'expliquer pourquoi je lui répondais pas quand il m'apparaissait alors qu'il m'a donné sa bénédiction. Je lui ai juste répondu que j'étais pas un de ces prêtres mais un guerrier et que les loas, je savais pas les entendre. En plus, je savais même pas ce qu'était la bénédiction dont il parlait. L'Esprit, il gronda et me rétorqua que là je l'entendais. Mais il était en colère et il en avait assez de voir son don aussi mal utilisé. J'y pouvais quoi ? Je savais pas ce qu'il voulait vu que je l'entendais pas dans mes rêves alors je suivais ma soif de gloire. Il poussa un grand cri rauque et me hurla que son don, il le reprenait, que jamais plus la fureur elle m'habiterait et que je deviendrais le plus pathétique des Amani.

Sur ses mots, je l'ai défié de me la reprendre. Ça lui a arraché un rire et il m'a dit qu'il relevait le défi. Moi contre son don. Pour voir si j'étais apte à le garder. A ma surprise, il me fit apparaître, mais j'avais un regard différent, bestial, avec une respiration forte. Mon double, il a hurlé comme une bête et il s'est jeté sur moi. J'ai attrapé ses poignets et on a roulé dans une herbe chaude. Je lui ai alors mis un grand coup de tête en plein milieu du front en espérant le sonner mais rien, il continuait de se débattre. Ses mains elles s'abattaient sur mon visage à un rythme incroyable de la même manière qu'un ours griffait. Je ramenais mon genou dans son entrejambe, ce qui lui arracha un couinement pitoyable et le fit rouler sur le coté. J'espérais avoir gagné un peu de répit, à genoux et le regard sur le sol, quand mon pied vint s'écraser sur ma mâchoire, me renversant à nouveau et brisant une de mes défenses. Le double, il a voulu me ressauter dessus mais ma jambe le cueillit en plein vol, droit dans l'estomac. Je le repoussais et il s'écrasa lourdement au sol. On s'est tout les deux relevés en même temps et quand i voulut me sauter à la gorge, l'éclat brisé de ma défense, il lui arriva pile entre les deux yeux. »

Le troll montra le juste milieu à l'elfe avec un large sourire, fier de cette victoire. Puis il s'allongea et lança son regard à la conquête d'un ciel couvert par le plafond de sa cellule tant cette bataille contre sa rage l'avait marqué et lui avait plu. Poi'lo avait tout de même vaincu un esprit animal, un dieu dans sa civilisation, à son propre jeu. Bellestra ne pouvait s'empêcher de penser que c'était un peu gros tout de même. Soit son prisonnier lui racontait la véritable histoire, auquel cas l'esprit l'aurait laissé gagné, si les esprits existent. Soit il enjolivait son récit. Dans tout les cas, elle ne savait pas pourquoi il s'était laissé capturé et ce qu'il se passe chez les trolls l'intéressait énormément. Elle lui fit donc un petit signe de la main pour l'inciter à continuer malgré qu'elle ne sache pas s'il l'observait ou pas. Après quelques secondes, il reprit d'un ton sérieux, presque triste.
« J'étais fier de ma victoire, et si mon loa, il m'a montré les crocs, c'est parce qu'il souriait. Il a grogné doucement et la fureur que j'avais combattu, elle était retournée en moi. L'esprit de l'Ours a continué en me disant que maintenant je saurais au moins la contenir dans un combat, ce qui devrait éviter que je mette fin aux jours de mes frères. Puis il a renvoyé mon esprit dans mon corps en ajoutant que ma fureur, je devais l'utiliser pour combattre ses ennemis ou il me l'enlèverait sans me laisser une chance de la récupérer comme aujourd'hui. Je pensais que j'allais me réveiller au milieu d'une bataille entre mes frères et tes soldats, au lieu de ça c'est le silence d'une forêt plongée dans la nuit qui m'a accueilli. Je me suis relevé avec les muscles endoloris, de multiples cicatrices sur les bras et le torse, les mains rouges sang, j'avais pourtant tué ni mutilé personne. Un râle troll attira mon attention derrière moi et quand je me suis retourné, j'ai découvert un carnage ainsi qu'un guerrier qui me pointait du doigt et m'a appelé traître avant de succomber à ses blessures.

J'ai fait courir mon regard sur le chemin et j'ai vu les elfes dans un état semblable à ceux des trolls qui m'avaient accompagnés dans cette traque. Certains avaient le crâne enfoncés ou un œil en moins, j'ai aussi retrouvé des bras sur le chemin ou des jambes. La terre était humide du sang des vaincus et l'herbe en avait pris la couleur. J'ai mis un moment avant de comprendre ce qu'il s'était passé. L'Ours, en colère, m'avait fait passé en rêve son épreuve. Mais le coup sur ma tête, il a libéré la bête qui a alors massacré tout le monde sans distinction entre mes alliés et mes ennemis. Mutilant les corps de tout ceux qui se trouvaient à proximités avec des griffes qui venaient de je ne sais où ou les lames elfiques. Puis j'ai senti le goût particulier du sang sur ma langue, mes crocs avaient servis aussi. Quand l'odeur commençait à me titiller les narines, je pris la décision de partir d'ici avant qu'il m'arrive d'autres embrouilles. Mais c'était trop tard, deux amanis se tenaient devant moi, leurs lances pointées sur ma gorge. Ils avaient le regard dur et sévère ainsi qu'une once de déception qui teintait leur expression. Tout comme avec toi, je les ai suivis les poignets menottés, sans chercher à m'enfuir. Je pensais que ma gloire allait me servir une fois rentré à Zul'Aman, je me suis jamais autant trompé.

J'ai entendu les murmures de tout mes frères sur mon passage pendant que je traversais la ville. J'ai reconnu Nalorakk, Akil'Zon, Jan'Alai et Halazzi sur le chemin, tout les quatres inquiets de mon sort. Les gardes, ils m'ont fait traverser la rivière pour aller voir le chef. Et tu te souviens de ce que je t'ai dit à propos de ceux qui la traversaient. Daakara, il m'attendait déjà accompagné de Malacrass. Tout les deux, ils me jugeaient du regard sans aucune pitié. J'posais le genou par terre en grognant comme un ours enchaîné, histoire de leur faire comprendre à qui ils avaient affaire. Mais plutôt que de leur inspirer la crainte, ça les a fait tout les deux sourire. Mon chef de guerre, il a fait sortir les gardes et s'est assis sur un siège en écorce pendant que le sorcier, il me tournait autour comme un rapace autour de sa proie. Alors j'ai grogné de nouveau, ils savaient ce que j'avais fait. Le sorcier il savait que ça arriverait et il m'avait rien dit. Au lieu de ça il m'incitait à continuer. Il voulait que ça arrive. Mes chefs ils m'ont trahis. La pensée, elle m'avait fait comme un poignard dans l'esprit. Mais ce qui m'enrageait le plus, c'est les vies des guerriers gâchées par cette trahison. Ils étaient bons, ce qui m'ont accompagnés cette nuit-là, et ils étaient morts alors qu'ils devaient vivre.

Je me suis alors lentement relevé, provoquant un sifflement chez Malacrass. Le seigneur des maléfices, il me criait de me remettre à genoux. J'ai brisé les pathétiques menottes comme j'ai brisé les tiennes. Malacrass, je l'ai pris à la gorge et l'ai soulevé pour que je puisse calmement lui expliquer ce que je ressentais contre lui, pourquoi je ressentais ça. La peur, je la lisais dans ses yeux et ses cris sont devenus des couinements et des jappements de chiots. Mais Daakara, il voyait pas les choses comme ça, et je lui ai finalement juste donné ce qu'il voulait. La preuve que j'étais une menace pour les Amani. Il s'est levé sans un bruit et avec la vitesse de l'aigle, il est arrivé à coté de moi en m'expliquant pourquoi il était chef et moi pas. Qu'il était plus fort que tous, plus malin et rapide. Il m'a pris le bras qui maintenait le sorcier en l'air et l'a serré si fort que la douleur me força à relâcher ma prise sur le petit cou. Et sa main elle est passée de mon bras à mon épaule, me forçant à m'agenouiller à nouveau. J'ai tenté plusieurs fois de me libérer de ses mains mais il était aussi tenace qu'un lynx ayant une proie en bouche. Des coups, je lui en ai donné, dans l'estomac, les jambes, le bras mais rien n'y a fait. Il était fort, trop pour moi. Et derrière lui, Malacrass se pavanait fier comme un coq. Je lui ai dit, au chef de guerre, que j'étais le meilleur guerrier, qu'il pouvait pas me tuer. Mais il en avait pas l'intention.

Il a fait pire, il m'a retiré ma gloire. Il m'a emprisonné et laissé subir chaque jour le passage de Malacrass et ses humiliations devant les guerriers qui partaient combattre. J'avais le temps de ruminer mes pensées pendant les jours et rêver de ma gloire pendant les nuits. Et un jour, Malacrass il m'a dit un truc qui m'a fait comme une lumière dans l'esprit. Il m'a dit que jamais plus l'Ours il serait avec moi, que ses pouvoirs ils seraient donnés à un autre. Et je me suis souvenu de Daakara, il avait les forces des quatre esprits et pourtant, personne ne le savait béni. Il l'avait même jamais été. Si Daakara c'était le chef, c'est juste qu'il a su nous unir contre un ennemi commun, j'avais vu ses combats et bénit, il l'était pas. Le seigneur des maléfices, il avait fait quelque chose sinon un chiard comme lui, jamais il aurait été si proche du chef de guerre. Et il m'avait bloqué dans cette cage car ma rage lui posait problème. Ma haine envers ce mec et mon chef de guerre, elle faisait que monter. La nuit, le loa de l'Ours il m'est apparu. Il m'a demandé ce que je faisais encore dans cette cage miteuse. A ce moment, je pouvais pas envisager de trahir à nouveau mes frères. Mais je ne faisais plus partie des Amanis, j'étais un traître dangereux et enfermé pour l'exemple. Mes exploits, ils m'ont protégés de tortures inutiles malgré la gêne créée dans les plans de nos chefs. Les Amanis changeaient, et les loas le sentaient. Ils ont tentés de transmettre des dons à certains trolls mais la plupart sont morts avant d'avoir pu commencer la volonté des esprits.

Malacrass jubilait certainement de son succès mais il oubliait un détail. Dans ma prison, je respirais encore. L'Ours savait sûrement ce que je pensais à ce moment car il me souriait de tout ses crocs. Je voyais qui était l'ennemi des Amanis et surtout de nos loas. Les trolls des forêts qui vous entourent, ils sont devenus ce qu'ils détestaient avant. Une race faible et sans honneur qui cherche la force où elle est et ne se bat plus pour l'avoir mais force ceux qui la possèdent à la leur donner. J'ai cassé ma prison avec la force que mon loa m'a accordé puis j'ai fui dans la nuit le plus loin possible de Zul'Aman, la cité qui rejetait ses dieux et les réduisait en esclavage. »

Le soleil se couchait et la faible lueur crépusculaire commençait à faire danser les ombres des barreaux de la cellule sur le visage du troll. Bellestra n'avait pas fait attention mais le visage du prisonnier s'était durcit et une colère sourde brillait au fond de ses pupilles émeraudes. Il se releva lentement et fixa l'elfe longuement avant de lui adresser un coup de tête.

- La fin tu l'auras demain. Là j'ai besoin d'un peu de repos. Et toi aussi.
- Ton histoire me plaît... Et on aura besoin de toi. Mais tu as raison et je file. Passe une bonne nuit, troll. Et ne t'enfuis pas, je ne voudrais pas avoir à te stopper.
- Aucun risque, elfe. Je suis là de mon plein gré.

Bellestra remit sa cape en place et épousseta son uniforme d'agente avant de quitter son prisonnier d'un pas assuré. Le troll se rallongea en soupirant, il avait confiance dans son choix mais une légère crainte assombrissait son esprit. Il ne savait pas si les elfes arriveraient à le voir comme un allié potentiel ou si son exécution sommaire se préparait. Il jeta un rapide coup d’œil dans le couloir vide par lequel sa geôlière l'avait quitté et se renfrogna. Les ours ont la peau dure, et c'est pas ces elfes qui l'achèveraient. Pas sans combattre en tout cas. A mesure que ses pensées progressaient, la fureur grimpait en lui, brûlant ses entrailles et enivrant ses pensées à mesure que la nuit arrivait. Il fit taire la rage sourde qui l'habitait et s'endormit paisiblement sur ce sol froid qu'il détestait.

- Pourquoi t'es-tu rendu ? le réveilla une voix pleine d'assurance. Qu'attendais-tu de nous quand tu t'es rendu ?

Poi'lo se retourna pour découvrir un nouvel elfe de sang richement habillé d'une capes aux couleurs si caractéristiques de son peuple et d'un pantalon en toile noire, le visage caché par une capuche d'où s'échappaient des mèches grisonnantes ainsi qu'un regard vert luminescent chargé de curiosité. Le troll n'eut aucun mal à l'identifier comme étant le chef de la jeune femme qui écoutait son histoire. En plus de son attrait pour l'anonymat, le vieil homme mesurait chacun des gestes du troll, le moindre de ses mouvements déclenchant un léger mouvement de l’œil chez l'elfe. Le prisonnier se leva lentement sans quitter les iris verts de l'elfe. Les deux hommes se jaugèrent pendant de longues minutes, l'elfe cherchant une faiblesse chez le troll pendant que ce dernier sondait le visage masqué afin de savoir ce que représentait l'elfe musclé.

- C'est pas à toi que je racontais l'histoire, lança le prisonnier d'un coup de tête.
- Bellestra est en mission. La fin m'intéresse plus qu'elle.
- Ta capuche, je veux voir à qui je parle.

L'elfe releva sa capuche, révélant un visage âgé à l'expression sérieuse et sûre de soi. Ses cheveux gris étaient coiffés en une épaisse crinière tirée vers l'arrière tandis qu'une barbe de la même couleur courrait sur ses joues et son menton. Le vieil homme passa sa main au travers des barreaux sans hésiter, tendue et ouverte avec une expression neutre pour s'assurer que le troll captif comprenne bien qu'il n'était pas venu le voir en tant que menace. Si le troll devait lui donner un loa, ce serait celui du loup. Mais pas n'importe quel loup, un chef de meute fier, sûr de ses forces et connaissant chacune de ses faiblesses ainsi que celles de son adversaire. Lentement, Poi'lo prit la main de son interlocuteur et la serra, ravissant le vieux loup qui se met à sourire chaleureusement.

- Je suis Araniar Solor, glissa l'elfe, conseiller du Seigneur régent Lor'themar Theron dans les affaires publiques ainsi que l'employeur de la jeune femme à qui tu contais ton histoire. Enchanté...
- Poi'lo, troll des forêts de la tribu des Amani et suivant du loa de l'Ours.
- Ravis de faire ta connaissance Poi'lo. Juste pour que tu saches, je suis celui qui décidera de ton sort ici alors maintenant, réponds à ma question. Pourquoi t'es-tu rendu à mon agente ? 

//HRP

Juste histoire de prévenir, il reste encore au minima deux parties que j'essaie de sortir de manière hebdomadaire. ^^
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Poilau

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MessageSujet: Re: Poi'lo, troll amani béni par l'Ours   Poi'lo, troll amani béni par l'Ours Icon_minitimeLun 13 Avr - 21:28

Voyage en terre connue


    Poi'lo fut réveillé peu avant l'aurore par une jeune fille particulièrement impatiente et inconsciente qui le secouait de toute ses forces. Instinctivement, il posa ses mains sur la petite gorge de Bellestra en se relevant d'un coup et se prépara à serrer son cou afin de l'étrangler. Ce n'est que lorsque la jeune femme poussa un petit couinement qu'il la libéra. Il la regarda d'un air désolé et glissa hors du lit. L'armure que portait les guerriers amanis qu'ils avaient combattu la veille reposait sur une table devant lui. Il se retourna avec un air surpris vers l'agente qui lui lança un sourire en coin avant de sortir de la pièce. Il n'avait aucun doute qu'elle l'attendait devant la porte, impatiente de voir ce que donnerait cette surprise sur lui. Il l'enfila en vitesse, prenant soudainement conscience du fait qu'il partait ce matin pour les Terres Fantômes. Une part de lui dansait de joie à l'idée qu'il rentre chez lui mais le reste de ses pensées savait qu'il ne pourrait jamais retourner en terres Amanies sans être un paria et le troll à abattre. Alors il se souvint de la vengeance qui se préparait, cet assaut dans les Terres Fantômes auquel il allait participer en tant que guide. Et il ne manquerait pas de combattre et de montrer à ses frères qu'il était de retour et décidé à leur faire payer leurs faiblesses.
   Il sortit de la chambre prêtée par le seigneur Theron la veille avec un large sourire qui dévoilait ses dents pointues. Il baissa les yeux sur la petite elfe fluette qui était venu le réveiller et découvrit une nouvelle tenue qui donnait une toute autre approche de Bellestra. Elle se trouvait vêtue d'un ensemble sombre en cuir aux couleurs s'approchant de la pénombre permanente dans laquelle se trouvait la région dans laquelle ils se rendaient. Elle portait en ceinture deux fourreaux par hanche, l'un contenant une épée courte à la garde sobre et discrète tandis que l'autre, situé en dessous du premier, abritait une dague au manche noir au bout duquel trônait une petite perle de même couleur. Sur toute sa tenue, il ne trouva aucun signe de l'extravagance qui caractérisait les elfes, au contraire, tout restait sobre mat, discret et semblait lui coller au corps comme une nouvelle peau. Sous le bras de la jeune femme, le troll découvrit une cagoule de la même couleur que l'uniforme et sûrement moins étroite. Deux fentes se trouvaient plus haut, de chaque côté, destinées à laisser passer les grandes et fines oreilles des elfes.
   Elle le détailla à son tour en suivant des yeux les deux lanières de cuir qui passaient sur ses épaules sur lesquelles étaient fixées les écorces colorées. Autrement que par ces morceaux de bois peints, le corps n'était absolument pas protégé, laissant suggérer que seule l'agilité du troll faisait office d'armure. Un simple pantalon d'étoffe grossièrement cousu comprimait les jambes musclées de Poi'lo, glissant jusqu'au dessus de ses chevilles où il finissait déchiré. Un gloussement amusé s'échappa et l'assassine se mit en route, faisant un signe de la main sec au guerrier pour qu'il la suive au travers du dédale de couloirs qu'était le palais. Elle ne lui laissa pas le temps cette fois de se moquer des armures polies appartenant à de défunts héros des elfes, consciente qu'ils avaient déjà un bon moment de retard. Ils sortirent du bâtiment d'un pas rapide, du quartier au pas de course et arrivèrent essoufflés devant le nid de faucons-dragons destinés aux voyages. Les cinq autres agents désignés pour la mission les dévisageaient d'un air sévère et certains se permirent même de foudroyer du regard le troll qui allait les guider au travers du réseau de pièges et embuscades disséminés aux abords des villages Amanis. Il ignora magistralement les murmures de ses nouveaux compagnons à l'allure chétive et progressa au milieu du groupe composé de cinq soldats armés d'une épée, deux archers et un magicien. La seule chose permettant de les différencier fut leurs armes, car pour le reste, ils portaient tous la même tenue sombre ainsi que cette cagoule aperçue plus tôt.
   Le soleil commençait à offrir ses premiers rayons quand le petit groupe grimpa sur leurs montures. De puissants faucons-dragons d'un rouge et orange vif. Chaque bête fixait son cavalier jusqu'à ce qu'il s'installe sur son dos, parfaitement dressée, pas une ne renâcla ni ne tenta de donner un coup de bec, au contraire. La monture du magicien se baissa même pour faciliter son installation. Sur le côté des selles se trouvaient de petites sacoches contenant quelques rations, de l'eau et ce qui devait être une de ces potion de soins imitant le pouvoir de régénération troll. Le grand guerrier chercha des yeux une bête sur laquelle monter mais il devenait évident qu'Araniar ne lui en aurait jamais laissé une. Devant son expression incrédule et perdue, quelques-uns des elfes ricanèrent et il se jura de les tuer en premier le jour où il le pourrait. Lentement, les agiles dragons s'élevèrent suite aux ordres donnés par les rênes, laissant seul au sol le troll. Il se préparait à marcher quand une main tapota son épaule. Bellestra lui fit signe de monter derrière elle et à son tour, il rejoint les airs. La compagnie prit la direction des Terres Fantômes, berceau des Amanis et région qui habitait la capitale de leur empire déchu, Zul'Aman. Très vite, ce qui aurait pu être un voyage rapide mais tranquille se transforma en une course mouvementée. Visiblement, la fierté de ces petits êtres chétifs était heurtée par le fait que Bellestra et le troll se retrouvent devant eux. Sa compagne ne se laissa pas faire une seule fois sur les quelques minutes qu'ils passèrent dans les cieux et pas un seul de ces crétins arrogants ne put la dépasser.
   Ni l'un, ni l'autre ne perdit son sang-froid sur ce semblant de mise à l'épreuve et chaque fois qu'un autre faucon-dragon se trouvait à leur hauteur, un délicat et discret mouvement de l'elfe sur les rênes indiquait à sa monture de prendre un peu plus de vitesse. Ils atterrirent au milieu d'un petit village au cœur des bois corrompus depuis le passage du Prince Arthas Menethil et son armée de morts-vivants. Le village ressemblait plus à un refuge en ruine qu'à un village à proprement parler, les bâtiments étaient couverts de plantes grimpantes et certains de leurs murs ronds se trouvaient défoncés, en tas de pierres brisées à leur pied. Ceux qui occupaient l'endroit ne semblaient pas en meilleur état, des Réprouvés. Ces morts ayant échappés à la volonté du Roi-Liche quand son pouvoir faiblissait avec à leur tête la banshee Sylvanas, accompagnaient les forestiers épuisés et couverts de blessures qui sécurisaient les lieux et les quelques environs. Certains aventuriers en quête de gloire et de richesses s'approvisionnaient chez les quelques marchands du coin, pillant presque les rares réserves restantes avant de courir se jeter dans les bois pour se joindre à la traque aux mort-vivants. Leurs montures, aussitôt après que le petit groupe eut posé le pied à terre et récupéré leurs affaires, repartirent dans la direction de Lune d'Argent. L'un des guerriers partit en direction d'une tour en ruine caractéristique des constructions elfes avant de revenir d'un pas décidé.
   
   - Ce qui se rapproche le plus d'une auberge ici est à notre disposition pour la nuit. Il y a assez de paillasses pour tous, à moins que notre nouvel ami ne préfère la fraîcheur de la mousse et les grognements des goules, glissa l'elfe sur un ton sarcastique en appuyant son regard sur Poi'lo.
   - La mort, elle me dérange pas. Les seuls que j'ai vu craindre pour leur vie, c'étaient des mecs de ton peuple quand moi et mes potes on leur tombait dessus, ricana le troll en le foudroyant du regard. Moi, je suis là pour vous guider jusque Zul'Aman, vous êtes là pour tuer ceux qui m'ont bannis et qui sont dangereux pour vos villages. Si tu veux partir ricaner face aux morts et aux trolls dès ce soir, moi ça me dérange pas, les bois ils ont pas changés.
   - Suffit tout les deux, ordonna Bellestra d'une voix sèche. On va à l'auberge, on regarde les cartes et on met en commun ce qu'on sait. Sans se tuer !


   Les deux guerriers acquiescèrent en grognant et se lancèrent un regard assassin une dernière fois avant de la suivre vers la ruine. L’intérieur valait l'extérieur, on y retrouvait le même lierre sur les façades ainsi que d'autres tas de gravats au dessous des trous dans les murs. De nombreuses paillasses étaient disposées en arc de cercle au fond et un vieil homme finissait d'y placer des couvertures pour chacun. Un vieil escalier abîmé grimpait le long du mur vers une grande terrasse sur tout le tour du bâtiment. Les couleurs rouges vives et les dorures auxquelles s'était habitué le troll étaient ici ternes et usées quand elles ne s'écaillaient pas. Un cri suivit d'un bruit de chute le tira de sa contemplation et il découvrit le vieillard sur ses deux fesses qui le pointait du doigt en tremblant. Bellestra prit lentement une de ses mains et l'aida à se relever avec précaution tout en essayant de le calmer avec des mots chuchotés. Les secousses qui agitaient l'aubergiste finirent par disparaître et il reporta son attention sur sa bienfaitrice qui se portait garante du troll.

   - Vous m'avez demandé des couchettes pour une escouade du seigneur régent, pas pour cette … Chose.
   - Ha ! Cracha le guerrier d'avant. Je disais bien que nous n'avions pas à nous encombrer de lui. Quelle idée a pu passer par la tête de …

   Il se stoppa net quand la chef de l'équipe le foudroya du regard. Le soldat se renfrogna et recula d'un pas en grognant. Il ne faisait aucun doute qu'il détestait les trolls plus encore qu'un elfe moyen. Une fois qu'il n'émit plus un son, Bellsestra reprit la parole d'une voix calme et posée.

   - Ne vous inquiétez pas pour lui, il est docile et ne vous causera aucun ennui.
   - Aucun ennui ? Il en amène rien que par sa présence, gronda l'aubergiste. C'est comme si vous me demandiez d'héberger la première goule qui passe
   - Vous louez bien vos couches à des Réprouvés, s'amusa-t'elle.
   - Les Réprouvés ne dévorent pas les gens, les trolls...
   - Non plus, s'insurgea Poi'lo. Mais si ma présence te dérange, mec, je reste pas. Je dormirais aux abords des ruines que vous habitez.
   - Dans tout les cas, lança Bellestra d'un ton autoritaire, tu restes ici le temps que nous fassions le point et qu'on se briefe un peu.

   Ce fut au tour du vieil homme de grommeler mais, sachant que son opinion n'avait plus aucun poids, il s'éloigna d'un pas traînant. Les sept agents se toisèrent sans un mot pendant une bonne minute avant que le magicien ne se décide à sortir la carte. Ils s'assirent en cercle autour de cette dernière. La forêt y était grossièrement dessinée et quelques annotations elfiques figuraient déjà dessus. Zul'Aman n'avait fait l'objet d'aucune reconnaissance et la seule chose qui l'indiquait était un grand cercle tracé là où elle se trouvait. L'absence d'informations sur la grande cité arracha un sourire au troll, cela prouvait bien que les siens faisait leur travail de manière excellente. Lorsque tout les regards se posèrent sur lui, il pointa du doigt le bout de cercle qui croisait la forêt et traça une courte ligne du doigt. Bellestra traça une ligne et continua d'annoter la carte au fur et à mesure des explications du troll.

   - Ce que je viens de montrer, c'est l'entrée principale de Zul'aman, la capitale de l'empire des Amanis. Maintenant, je vais vous dire ce que je sais. Mes frères, ils savent que je me suis échappé, mais ils savent pas que je vous donne un coup de main.

   La remarque fit ricaner les soldats et le guerrier savait à quoi ils pensaientt. Il planta son regard dans les yeux des deux combattants et il reprit avec un ton froid et terrifiant.

   - Je m'appelle Poi'lo, j'suis un Amani et fier de faire partie de mon peuple. Mais mon peuple, il trahit les valeurs des loas et l'Ours, il m'a dit de les châtier. Quand le maléficieur il a su que je devenais un danger, il a voulu me tuer. J'ai fui ma cage pour continuer d'accomplir la volonté de mon dieu. Ce qui veut dire que je combattrais aussi ceux qui étaient mes frères. Et si vous me barrez la route, je vous égorge comme je l'ai fait avec les éclaireurs de votre peuple.

   Le plus jeune soldat déglutit tandis que le second soutenait avec fierté et rage le regard de celui qui aurait dû être son ennemi. Un rapide sourire parcouru son visage et fit un signe de la main pour indiquer qu'il pouvait continuer.

   - Tant qu'on sera aux alentours du village, nous on risquera rien. Mes frères, ils sont pas fous et n'iront pas s'essayer aussi près d'un nid d'adversaires. Les zones de guet-apens, vos éclaireurs vous les ont presque toutes montrées. Sauf là haut, en montagne. Avec vos faucons-dragons, on pensait que vous essayeriez de venir par la montagne. La surveillance elle a pas été relâchée depuis, on reste méfiant de vos magies. On a des pièges à ces endroit-là, dit-il en désignant quelques zones où aucun dessin n'apparaissait, du genre mortels. C'est pas dans nos habitudes de ramener du boulot à la maison. Méfiez vous de la forêt, elle est l'amie des Amanis. Votre peuple s'impose à ses lieux, nous on s'adapte. J'finirais sur une dernière remarque. Le maléficieur, il préparait du sombre vaudou, je sais pas ce qu'il a pu faire aux loas mais si vous le croisez lui ou n'importe quel champion, tirez vous.
    - Merci, troll. Glissa timidement le magicien. Si de la magie noire est à l’œuvre, je suis ici pour la conjurer.
   - Tu nous as indiqué pièges et patrouilles mais peut-on avoir des couvertures ? Demanda un archer aux cheveux d'argents.
    - Yaura pas de vrais couverts, les Amanis, ils connaissent la forêt sur le bout des doigts.
   - Tuer ou être tué, j'adore cette mission, s'exclama le guerrier antipathique. Je suis curieux de savoir ce que tu veux au combat, troll. Mais si tu nous trompe, tu seras le premier à crever, fais moi confiance.
   - Merci Arkathos, soupira Bellestra. Je vous rappelle notre mission, éliminer les patrouilles, surtout celle en montagne car c'est de là que l'on reconnaîtra la ville de Zul'Aman. Une fois ceci fait, on rentre tous à la maison.
    - Chef, si l'occasion se présente, on élimine un champion ? Demanda Arkhatos.
    - S'il est isolé et que ça peut se faire sans perte, je pense que sa tête fera plaisir au seigneur-régent. Mais je doute que l'on puisse avoir une telle occasion. D'autres questions ou remarques 
   - Ouais, grogna le troll. J'sais que tu veux de l'honneur pour avoir tué un des meilleurs combattants Amanis, mais ce que tu cherches là, ce sera ta tombe mec. Et la gloire, elle vient pas en se suicidant.
   - Peuh, cracha l'elfe encore masqué. Tu me connais pas, Amani. Vos champions ne me font pas peur.

   Sur ces mots, il se leva en frottant le bas de ses cuissardes et se dirigea vers son sac pour en tirer une pierre à aiguiser. Arkathos marqua ainsi la fin de cette réunion improvisée et chacun partit préparer l'expédition du lendemain à sa manière. Même si aucun horaire de départ n'avait été donné, il semblait évident pour tous qu'il se ferait à l'aube. Le combattant elfe se mit alors en tailleurs, l'épée sur ses genoux puis ôta sa cagoule afin de dégager sa vision et commença à l'aiguiser machinalement. Ses cheveux étaient d'un noir profond, reflet de sa haine pour l'ennemi Amani et son visage portait sous la forme de cicatrices les marques de ses nombreux combats. Ses pupilles gris ne quittaient pas la pierre qui glissait sur sa longue lame ébréchée, sûrement aussi vieille que lui. De lourdes cernes trônaient au dessous de ses yeux sans que cela n'amoindrisse la férocité qui émanait de l'homme.

    Le magicien, quand à lui, possédait de longs cheveux blonds qui descendaient le long de son dos. Une tresse glissait en son milieu dans laquelle s'emmêlait un fil ocre. D'un mouvement agile, il se retourna quand la pression du regard vert de Poi'lo se fit sentir. Si Arkathos incarnait la fureur, cet homme était la bienveillance. Il n'émanait que cela du regard du jeune mage si bien qu'il était aisé et peu risqué de s'y plonger. Toutefois, une imperceptible étincelle de malice miroitait au fond de ces pupilles orangées, prouvant au troll qu'il n'était pas si inoffensif qu'il paraissait, bien au contraire. L'elfe savait quelle impression il donnait et connaissait les différentes manières d'en profiter à son avantage. Il lança un livre à la couverture impeccable dont la moitié était blanche et l'autre noire. Le titre, écrit dans les couleurs opposées, indiquait de manière plus qu'explicite son contenu. « Lumière et Ombre, deux facettes d'une même entité »

   - Voilà des yeux efficaces, susurra l'elfe en récupérant son livre. Irken, à ton service, ajouta-t-il en tendant la main. Et là bas, tu as Nulyas et Vexis, nos archers, ainsi que l'apprenti de notre cher Arkathos, le jeune Lyan.
   - Merci pour les présentations, répondit Poi'lo en ignorant la main. Bonne lecture, et fais en sorte que tes sorts marchent demain.

   Il tourna le dos au jeune homme en robe de couleur givre et passa devant les deux tireurs qui discutaient empennages. Nulyas avait les cheveux dressés et châtains là où Vexis les avait courts et gris. Chacun, en plus de l'arc, portait une paire d'arme de secours ainsi qu'un couteau attaché à la cheville. Lyan, caché derrière d'épais cheveux noirs, tentait tant bien que mal d'imité son professeur. La pierre à aiguiser manqua par trois fois de luis sauter des doigts en sa direction, si bien que Poi'lo se demanda s'il ne le faisait pas exprès. Il continua son chemin jusqu'à l'entrée du QG improvisé et se prépara à affronter la forêt des Terres Fantômes et ses restes du Fléau. Si les autres Amanis craignaient les quelques positions elfes, les goules et autres abominations qui hantent ces bois n'en ont que faire. Il n'est pas rare, à Tranquillien, de voir de grands groupes de goules charger en grognant dans la direction du village qui doit être l'un des derniers gardes-manger de la région. Une petite toux discrète l'arrêta, toux qu'il commençait à connaître un peu trop bien. Bellestra lui lança un petit sourire amusé et, sur un signe de tête, le troll l'autorisa à le suivre. Ils se nettoyèrent un petit coin où rodaient encore trois goules affamées avant d'allumer un feu et déguster une infime part de ration.

   - Navrée pour Arkathos, glissa l'elfe d'une petite voix. Il m'a été imposé par Araniar, il ne te fait pas encore entièrement confiance.
   - Bah, ton chef, il y arrivera sûrement jamais. Ce qui m'étonne, c'est que toi tu puisse le faire.
   - Il faut, sans quoi cette guerre n'avancera jamais et les deux camps continueront de mourir pour rien.
   - Vous auriez pu y mettre un terme en rendant aux trolls leurs terres.
   - Ne te méprends pas, je veux que cesse ce conflit mais je veux le bien des miens. Devenir sans terres et des nomades faibles, jamais.
   - La guerre, elle finira pas ici. Elle finira jamais entre les deux peuples. Nos cultures, elles sont similaires.
   - On ne vénère pas d'animaux et on ne fait pas de sacrifices.
   - Vous vénérez une magie qui vous a anéanti et allez sucer celle des autres pour vous approprier plus de pouvoirs.

 Bellestra dut bien reconnaître que le troll marquait là un point. Elle sortit deux couvertures prises dans les ruines de la tour et en lança une à son compagnon sans un mot. Un léger ricanement guttural s'échappa de celui-ci tandis qu'il fixait l'elfe avec un sourire narquois. Il lui renvoya sa couverture et ajouta :

   - Fais pas la tête, tu restes la seule personne à ne pas vouloir me tuer pendant ou après cette sortie de votre prison.
   - Pourquoi me rendre la couverture ?
   - Tu trembles de froid, et j'ai pas besoin de ça. les trolls des forêts, ils ont l'habitude des nuits froides ici.

Elle se rapprocha et, d'un geste doux, passa la grande couverture sur les épaules du troll et les siennes avant de sourire en sentant la peau du troll, froide. Au terme d'une longue joute verbale, elle finit par le convaincre de partager les couvertures pour la nuit.
HRP //
Oui, je reprends lentement l'écriture, et oui j'essaierais de sortir au plus vite la suite !
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Poilau

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MessageSujet: Re: Poi'lo, troll amani béni par l'Ours   Poi'lo, troll amani béni par l'Ours Icon_minitimeMer 22 Juin - 22:30

(Wouaw ! Mais l'histoire elle est pas finie ? Bah non ! Hop, un chapitre 6 surprise enfin terminé !)

Zul'Aman

   La fraîche nuit des Terres-Fantômes passa lentement au dessus des deux agents blottis l'un contre l'autre. Plusieurs fois, ils s'éveillèrent en pensant entendre une goule ou une bête affamée à la recherche de son prochain repas et passant un peu trop près de leur campement improvisé. En plus des réveils incessants, les température étaient si froides que même un feu et leurs épaisses couvertures n'arrivaient à les en protéger. Poi'lo fut le premier à s'éveiller et s'extirpa de la couverture en prenant bien soin de ne pas réveiller Bellestra. L'elfe remua un peu et s'enroula dans les couvertures en grognant. Le troll s'étira en grognant à cause du froid qui avait engourdi ses muscles et partit chercher du bois afin d'allumer un semblant de feu. En chemin, il croisa quelques goules solitaires, perdues et fit de grands écarts afin de ne pas attirer leur attention. Il revint avec un fagot de bois sec sous le bras et vit arriver le reste du groupe. Sans leur accorder plus d'attention que ça, Poi'lo commença son feu.
   Arkanthos posa son sac d'affaires à côté de Bellestra et foudroya le troll du regard. Lyan, essoufflé, s'effondra une fois arrivé aux côtés de son maître. Nulyas et Vexis, faiblement chargés s'assirent calmement autour du feu tandis qu'Irken s'agenouilla devant Bellestra. Il secoua un peu la chef d'équipe pour la réveiller et se releva.
   - Nous sommes prêts à partir, fit Arkanthos d'une voix ferme. Mais je vois que vous ne l'êtes pas encore.
   - Dans ce cas tu peux voir que c'est moi qui ne suis pas prête, grogna Bellestra avant que Poi'lo ne réponde.
   - Vous auriez pu faire un effort.
   - La nuit a été longue et glaciale, mon cher Arkanthos.
   Bellestra s'étira et jeta un regard froid au guerrier, qui le lui rendit. Elle fit chauffer deux saucisses de lynx et en tendit une au troll sous le regard ulcéré d'Arkanthos, ce qui lui arracha un mince sourire. Poi'lo dévora le petit déjeuner frugal et remercia en silence l'elfe.
   - Quand partons-nous ? Demanda Irken.
   - De suite. Nous avons quelques jours de marche en raison des pièges et patrouilles, expliqua    Bellestra d'une voix calme en rangeant ses affaires. Pas de folie, pas d'héroïsme sur le chemin. J'ai besoin de chacun de vous pour cette mission. Compris Arkanthos ?
   - Ouais, grogna le guerrier.
   - En route alors, fit la commandante en chargeant son sac.


   Ils mirent deux jours avant d'arriver devant la grande cité de Zul'Aman. En chemin, ils n'avaient rencontrés qu'un groupe de chasseurs et de rares goules. Si les premiers leur permirent de remplir leur stock de rations, les secondes avaient plus été une gêne et alertèrent presque une autre patrouille. L'équipe d'infiltration elfe établit son camp derrière une colline près d'un rempart usé à l'est de la grande cité amanie.
   Zul'Aman n'avait pas changée. Ses palissades taillées dans des troncs continuaient de s'élever, cachant les temples dédiés aux loas ainsi que les forces amanies gardées par Daakara. Vraisemblablement, la seule entrée possible était la principale. Un grand escalier de pierre abîmé et couvert de mousse montait jusqu'à un portail de bois rénové. De nombreux trolls en gardaient le passage, armés de leurs lances rudimentaires.
   Au dessous des remparts s'étendait un grand campement amani. Des centaines de tentes et huttes faites de cuir étaient plantées de manière anarchique au bas des escaliers. La nuit, les torches illuminaient des milliers de silhouettes dansant autour de grands feux de joie afin de célébrer leurs divinités. Les Amanis avaient répondus en masse à l'appel de leur nouveau chef de tribu.
Poi'lo aperçut plusieurs fois les autres élus des loas descendre les marches et chercher des guerrier pour leur proposer une place dans la ville sainte. Aucun ne refusait alors l'honneur fait et saluait ses camarades avant de le suivre. Certains ressortaient plus forts et musclés afin de montrer aux autres le privilège fait.
   Plusieurs fois, Lyan s'inquiéta du nombre grandissant de trolls dans le campement. Ils venaient de tout les villages trolls des environs, Zeb'Nowa, Zeb'Tela et Zeb'Sora offraient leurs guerriers au grand Daakara et à son maléficieur Malacrass. Poi'lo se demanda même si, finalement, la mission confiée par Araniar n'était pas plus un suicide qu'une tentative d'assassinat.


   Deux jours plus tard, Bellestra et lui trouvèrent un passage dans la muraille de bois, juste derrière le temple d'Halazzi, bien à l'écart du campement troll. Par sécurité, la jeune femme décida de l'emprunter le lendemain, dans la nuit.
   - Bien, la faille est discrète, cachée derrière un grand temple dédié à un dieu amani, expliqua doucement Bellestra. Impossible de savoir si des prêtres seront toujours présents durant la nuit. Mais aucune patrouille ne passe derrière. Je veux une discrétion absolue. Arkanthos, tu as quelque chose de moins cliquetant ?
   - Je suppose que je me contenterais de ma tunique de cuir.
   Bellestra acquiesça d'un rapide hochement de tête. Poi'lo la devina tendue, le plus dur approchait.
   - On fait attention où on marche, on évite les branches sur le sol. Les classiques. Vexis, tu garderas l'entrée dans la muraille.
   L'archer répondit par un simple hochement de tête.
   - Nulyas, tu couvriras le pont. Vous devrez être prêts à déguerpir au moindre bruit, compris ? Arkanthos fermera la marche. Poi'lo sera en première ligne. Lyan, devant Arkanthos. Et ce soir personne ne fait de tour de garde seul. Lyan tu commenceras avec Poi'lo, je prendrais ton relais, puis Arkanthos prendra le relais de Poi'lo et ainsi de suite.
   - Oubliez pas pourquoi on est là, gronda le troll. Daakara doit mourir. S'il meurt, les quatre champions se disputeront sa place et ça suffit pour votre peuple.


   La nuit tombait sur Zul'Aman et Daakara, comme chaque jour, se dirigeait vers les portes de la cité en ruine afin de contempler son armée grandissante. Derrière lui se trainait, comme d'habitude, son maléficieur Malacrass. Il constituait un allié de poids et jusque là, aucun de ses rituels ne l'avaient trahi. Le sombre sorcier avait terminé, quelques jours auparavant, d'enfermer le dernier loa dans le corps d'un troll pour en faire un hybride sauvage. Il avait asservi chacun des quatre dieux amanis. Akil'zon l'aigle, Halazzi le lynx, Jan'alai le faucon-dragon et Nalorakk l'ours obéiraient au chef de guerre Daakara dans sa guerre contre les elfes.
A chaque temple, le chef de guerre s'arrêtait pour saluer le dieu en question. Il savait que sa décision était loin d'être populaire. Mais elle promettait aux trolls un glorieux retour à leur âge d'or et, de fait, ne la regrettait absolument pas. Bien sûr, il avait dû prouver qu'il restait le chef de la tribu Amani et tuer certains contestataires à l'esprit échauffé afin de calmer le reste. Daakara avait aimé chacun de ces combats. Il avait vu la férocité dans le regard des rebelles ainsi qu'une confiance absolue dans leurs capacités. Mais elle s'évanouissait si vite quand l'adversaire comprenait que Malacrass l'aidait.
   Son plus bel adversaire était le père du Renégat, ce troll ayant fui plutôt que d'assumer son destin de réceptacle. En représailles, il avait condamné à mort ses parents. La femme était faible et en quelques secondes, Daakara la décapitait. Mais l'homme s'était révélé être une bête sauvage, un berserk comme il n'en avait jamais vu. Pour la première fois, le chef de tribu dut compléter les enchantements du maléficieurs avec ses capacités de combat. La rapidité et l'agilité de son adversaire lui avaient permis d'éviter la plupart des coups et de transformer les plus mortels en de simples éraflures. Pour la première fois depuis des lunes, il avait été terrifié. Par trois fois, Daakara déjoua la mort. Et si Malacrass n'avait pas lancé une malédiction discrète, il aurait fini par succomber. Le condamné n'avait pas été surpris par la fin du duel et soutint jusqu'au bout son regard quand il le décapita à son tour.
   Daakara arriva devant les lourdes portes et demanda aux deux gardes qu'on les lui ouvre. Le long grincement attira l'attention des milliers de trolls rassemblés en contrebas. Les duels se stoppèrent, les prières cessèrent et tous portèrent leur attention sur le chef Amani qui les contemplait depuis le sommet des marches rituelles. Il savoura, comme chaque fois, cet instant qui lui rappelait sa puissance et son statut de chef. Il se redressa et ouvrit grand les bras avec un sourire victorieux. La foule lui répondit dans un cri de guerre féroce avant de s'incliner devant lui.
   Malacrass sortit de son ombre et le dépassa d'un pas traînant sans se redresser. Le maléficieur avait un talent certain pour se faire discret. Il savait aussi quels guerriers prendre comme « élus ». Assurément, ils en étaient. Mais pas de la manière qu'ils imaginaient. Eux veulent se battre et obtenir les faveurs des loas vivants. Mais Malacrass leur offrait un destin tout à fait différent. Ils serviraient les loas, mais surtout le maléficieur. L'âme des « élus » allait servir au sorcier à maintenir les liens qui retiennent les dieux animaux dans les corps des quatre vrais élus ainsi qu'à renforcer les enchantements dont bénéficiait Daakara pour conserver son titre.


   Bellestra vérifiait ses armes, le crépuscule tombait et elle et son groupe n'allaient pas tarder à partir pour la brèche discrète repérée la veille. Elle fit un rapide tour du regard pour voir si ses compagnons avaient fini leurs préparatifs. Poi'lo attendait en haut de la colline et surveillait la sortie. Vexis et Nulyas terminaient de compter leurs flèches et enfilaient leurs grands carquois. Arkanthos posa sans un bruit son armure de plaque et roula un peu des épaules avant de glisser le fourreau de son espadon dans son dos pendant que Lyan l'imitait. Irken terminait sa prière et Bellestra sentit une douce chaleur tomber sur elle.
   Elle siffla le troll qui approuva d'un hochement de tête et descendit de la colline. Ils se mirent en colonne, dans l'ordre donné la nuit dernière. Elle tapota sur l'épaule sur l'épaule du troll qui avança alors prudemment. Sans un bruit et au bout d'une heure de marche, ils arrivèrent à la brèche. Vexis grimpa à un pin et s'installa à la limite de la muraille, l'arc à la main et une flèche encochée. Il regarda les autres pénétrer dans la grande cité de Zul'Aman quand il entendit une clameur venir de la grande porte.


   Daakara regardait les guerriers désignés par Malacrass grimper les marches. Ils avaient tous la tête haute, persuadés de devenir les servants des loas. Quelque part, le chef de guerre avait de la peine pour eux mais il savait que leur sacrifice était nécessaire. Parmi eux se trouvait un jeune, le premier depuis le début des rituels. Il lança un regard noir à Malacrass qui ne répondit pas. Il avait interdit au sorcier de sélectionner les jeunes et les plus forts des guerriers.
Les cinq élus s'agenouillèrent devant lui l'un après l'autre, le jeune en premier. Il leur tendit à tous la main et les releva. Les quatre guerriers semblaient effectivement faible. Le jeune aussi et Daakara se demanda ce qu'il faisait dans le camp. Il chercha discrètement des cicatrices mais n'en vit aucune. Ou bien c'était un fuyard, ou bien il était des plus féroces. Il passa entre les futurs sacrifiés sans un mot et se planta devant son armée.
   - Pour les Amanis ! Cria t'il.
   - Pour les Amanis ! Lui répondit l'assemblée.
   Il se retourna avec un grand sourire, sous les acclamations de son peuple, et passa la grande porte de Zul'Aman, sa cité et capitale du futur nouvel empire des Amanis. Derrière lui, il entendait les guerriers échanger à propos du loa qu'ils serviraient. Une nouvelle pointe de peine frappa le chef de clan mais il n'en montra rien. Il fit un simple geste pour demander à Malacrass de le rejoindre.
   - Les trolls, ils s'impatientent mon ami, se contenta de dire Daakara à voix basse.
   - Les enchantements, je les ai bientôt finis. Mais si tu attaques maintenant, tes champions, ils peuvent se retourner contre toi.
   - Combien de temps ?
   - Deux jours, Daakara.
   Je t'en laisse un. Dans deux jours, j'attaquerais la ville elfe.
   - Il y a plus simple que se lancer sur Tranquillien, fit doucement le jeune guerrier. Il existe un petit observatoire avant la ville. Il est peu défendu et possède un petit chemin jusqu'à l'arrière de la ville.
Daakara se retourna et se demanda s'il n'allait pas tuer tout de suite le sacrifié. Mais le jeune soutint son regard sans aucune peur et réussit à l'impressionner.
   - Continue, gronda t'il.
   - Attaque ce campement avec une partie des forces, prend le et tu auras un nouveau flanc d'ouvert. En plus tu calmeras tes troupes et leur montrera que tu ne fais pas qu'attendre.
   C'est à ce moment qu'Akil'zon, ou plutôt son avatar apparut devant la procession. Les sacrifices s'agenouillèrent tous devant le dieu animal qui n'avait d'attention que pour le chef Amani et son maléficieur.
   - Daakara, croassa l'hybride. Mes aigles, ils ont vus un groupe dirigé par un troll pénétrer la cité derrière le temple d'Halazzi.
   - Préviens l'Ours et le Faucon-dragon, je vais chercher Halazzi. Et le jeune ne meurt pas, Malacrass, ordonna sèchement Daakara en se tournant vers le féticheur.
   Le sorcier hocha la tête malgré son apparente déception. Le jeune guerrier fixa le chef de guerre sans bouger. A la différence des autres choisis, il ne semblait pas surpris. Si bien que le troll se demanda s'il n'était pas déjà au courant de ce que devenaient les « élus ». Il partit vers le haut temple de Halazzi en pensant que ce jeune ferait un parfait successeur, s'il n'essayait pas de le tuer d'abord.


   Nulyas s'était arrêté au niveau du pont, en silence. Il regardait la petite colonne de cinq progresser vers le haut de Zul'Aman, là où devrait se trouver leur cible. Il avait entendu, comme tout le monde, le cri bestial en provenance de la foule rassemblée au pied de la cité. Mais nul ne semblait autorisé à entrer dans la cité à moins d'être choisi par un vieux sorcier, si bien qu'il n'avait pas été inquiété pour la mission. Mais la force du cri était telle qu'il ne faisait aucun doute que s'ils attaquaient Tranquillien, la ville ne tiendrait pas longtemps. Mais lui et toute l'équipe se trouvait ici, en plein territoire ennemi, pour couper la tête de l'armée amanie.
   Il leva les yeux et vit une nuée d'aigles planer au dessus du ciel dégagé et nocturne. S'il ne fallait pas une absolue discrétion, il en aurait bien abattu un ou deux. Du haut de sa colline, il avait une vue d'ensemble sur toute l'allée centrale ainsi que le début de l'accès aux temples en face et aucun troll ne circulait sur ces chemins.
   Un calme surnaturel planait sur la cité trolle. Aussi, il ne fallut pas plus que le grondement sourd du tonnerre pour l'effrayer. Il leva les yeux et vit un aigle plus gros que les autres battre des ailes au dessus de lui. Il ne fallut à Nulyas que le temps de l'éclair qui le foudroya sur place pour encocher une flèche et la tirer sur l'hybride. Akil'zon évita sans mal le projectile et partit rejoindre le reste du groupe.



   Poi'lo se retourna aussitôt en entendant le craquement de la foudre et vit l'éclair tomber sur Nulyas. Il leva les yeux et jura. Il pensait qu'ils arriveraient plus tôt. La présence si nombreuse d'aigles dans le ciel expliquait à elle seule l'absence de patrouille au sol. Malacrass avait bel et bien terminé ses fusions et les oiseaux constituaient les sentinelles d'Akil'zon. Le troll pressa alors le pas, pressé d'arriver à un couvert, loin des yeux du dieu aigle.



   Lyan sursauta et se figea sur place en entendant le coup de tonnerre. Il regarda partout autour de lui pour trouver l'origine de la foudre mais tout ce qu'il trouva fut le ciel clair et les aigles qui le parcourait. Arkanthos donna un coup léger dans l'épaule de l'enfant pour lui faire signe d'avancer et rattraper le reste du groupe.
   Le vieux guerrier savait qu'avec un ciel aussi dégagé, le tonnerre n'avait rien de naturel et qu'il ne valait mieux pas s'attarder. D'ailleurs, il était sûrement tombé près de Nulyas, s'il n'était pas tombé directement dessus. Pour ajouter à cet étrange malaise, cela faisait maintenant quelques minutes qu'il se sentait suivi. Il gardait la main sur la garde de son espadon et guettait chaque ombre et chaque fourré à la recherche d'une silhouette.
   Plusieurs fois, il avait cru voir un lynx mais il avait rejeté l'idée en sachant qu'aucun animal ne devait se trouver dans l'enceinte de la capitale. Même s'il voyait les trolls comme des animaux et pensait qu'ils puissent cohabiter entre bêtes, la réalité voulait que tout animal dans la cité était tué pour sa viande.
   Il entendit un bruit dans le buisson à côté et se tourna avant de rouler en arrière par réflexe. Il évita de se faire égorger par une paire de griffes sorties de nulle part et portées par une créature au pelage roux. Elle était trop grande pour être un lynx et la manière d'attaquer était plus humaine que sauvage. Mais la chose fut trop rapide et disparu dans les ombres avant même qu'Arkanthos ne l'identifie. Il entendit toutefois sa voix semblable à un feulement.
   - Pas mal pour un vieillard. Mais le jeune est plus tendre et moins aguerri...
   A toute vitesse, le guerrier sortit son épée et se projeta sur la gauche de Lyan. D'un coup de pied dans les côtes il poussa son élève et des deux mains il dévia la paire de griffes et projeta Halazzi vers l'arrière du groupe. Le guerrier se retourna pour prévenir le reste du groupe mais vit le troll et Bellestra reculer. Il reporta alors son attention sur l'hybride et en découvrit un second, mi-aigle mi-troll cette fois. Akil'zon lâcha alors un ricanement presque semblable à un caquètement, ce qui fit sourire le guerrier.

   Poi'lo reculait doucement pendant qu'avançait Daakara avec un sourire victorieux, entouré de Jan'alai et Nalorakk. Si le troll renégat avait rêvé de massacrer son homologue ursidé, la présence du loa faucon-dragon compliquait la tâche.
   - Ca fait longtemps, Renégat, ricana Daakara en amani.
   - Tu m'avais pas manqué, traître, grogna le troll.
   - Je vais me faire un plaisir de t'écraser, gronda Nalorakk.
   Poi'lo eut alors l'impression de connaître cette voix. Mais il chassa de son esprit le troll qu'elle lui rappelait. Il tapa contre le dos du guerrier elfe et vit le plus jeune se relever.
   - Même pas foutus de rire correctement, grogna Arkhantos à voix basse. Lyan ! Ton épée !
   - Mais...
   - Ton épée ! Bell', je prends le commandement, comme convenu, cria t'il à la jeune femme en attrapant l'épée de son apprenti. Tu prends Lyan et vous vous cassez de là !
   - Je ne vous laisse pas !
   - Il a raison, glissa doucement le troll. Le jeune va mourir si vous restez. Tirez vous.  
   - Je revien...
   - Hors de question ! Coupa Arkanthos. Troll, tu prends lesquels.
   L'ours est à moi, je suppose que j'ai droit à la ... Chose qui l'accompagne.
   - Ca me va... Je vais essayer de pas te confondre !
   - Et je fais quoi moi ? Glissa Irken.
   - Tu nous soignes ou tu te tires aussi, grogna Arkanthos au prêtre.
   - Vu l'ennemi, vous aurez besoin de la Lumière, guerrier.
   Bellestra attrapa Lyan et le tira pour le remettre debout. L'apprenti voulut protester mais finit par se rendre compte que son maître avait raison. Il serait un poids. Il courut derrière Bellestra et lança un dernier regard à son maître en priant pour qu'il ne meure pas.
   Arkanthos se précipita sur Halazzi sans prévenir. Le loa eut à peine le temps de passer sous le fil du premier espadon et ses espoirs d'intercepter les fuyards s'évanouirent. Il voulut lacérer le dos de l'elfe mais ce dernier para avec la seconde lame. Akil'zon s'envola et voulut attraper le guerrier. Arkanthos plongea en avant et glissa sur le sol pour éviter les serres et frappa la jambe du troll. L'entaille était profonde et força l'aigle à retourner au sol.
   De son côté, Poi'lo passa sous un jet de flammes crachées par Jan'alai et plaqua le faux Nalorakk. Les deux adorateurs de l'Ours roulèrent sur quelques mètres pendant que Daakara regardait le combat se dérouler. L'elfe et le Renégat n'avaient aucune chance contre ses champions.
Les griffes de Nalorakk laissèrent de léger sillons sur le ventre de Poi'lo tandis que ce dernier martelait de coups le visage de son dieu. Finalement, l'avatar ramena ses jambes et propulsa le troll en arrière d'un grand coup dans le ventre. Poi'lo roula pour éviter les griffes de Jan'alai qui visaient sa gorge. Après s'être relevé il donna un violent coup de pied dans le visage du dieu faucon-dragon puis se fit attraper par l'Ours qui l’assomma contre un mur.
   - Où sont les faveurs de ton dieu maintenant ? Grogna t'il en posant ses griffes sur le cœur du troll.
   Il n'eut pas le temps de percer l'organe que Poi'lo se redressa. La vision de l'hybride lui expliqua clairement pourquoi son loa ne lui apparaissait plus ni ne l'aidait dans ses combats. Mais sa proximité semblait avoir brisé son silence. Il était à nouveau envahi par sa rage primale et laissa son esprit sombrer dans sa soif de combat.
   Le faux Nalorakk revint à la charge, les griffes prêtes à l'éventrer mais Poi'lo lui attrapa le poignet et stoppa l'attaque aussi facilement qu'un nouveau né. Il balaya l'hybride sans aucune difficulté et l'assomma en fracassant une tablette de pierre sur son crâne.
   Il se rua ensuite sur Jan'alai, cogna deux fois sur le ventre écailleux, déboîta une de ses épaules et sauta en arrière au moment où il allait cracher ses flammes. Akil'zon voulut le foudroyer mais Arkanthos interrompit son sort en lançant une frappe mortelle en direction du cœur de l'aigle. Poi'lo revint à la charge et finit de mettre K.O le loa faucon-dragon en le martelant de coups. Le spectacle fut si violent que Daakara s'enfuit avant d'être la cible du troll enragé.
   Arkanthos avait réussi à se défaire du Lynx. Bellestra avait eu raison de lui suggérer de quitter son armure de plaque. Le combat contre deux quasi-divinités avait été compliqué mais l'accès de rage de Poi'lo avait distrait les deux animaux. Il avait alors acculé le lynx et planté profondément sa lame dans son épaule et le tronc derrière.
   Il continuait de combattre quand son compagnon troll le repoussa violemment. Il se laissa tomber et le regarda cogner encore et encore Akil'zon. Il avait remarqué que le bec de l'aigle s'était fissuré. Arkanthos se releva et appréciait le spectacle. L'hybride tourna de l’œil mais Poi'lo continua de frapper et finit par le jeter côté de Jan'alai. Il regarda alors Halazzi, coincé et s'en désintéressa complètement. Il cherchait le combat et son regard se posa sur le guerrier épuisé qui eut un sourire désespéré.
   - Je savais que tu nous poserais des problèmes...


   Bellestra avait couru à toute vitesse pour sortir du traquenard dans lequel ils étaient tous tombés. Plusieurs fois elle avait dû forcer Lyan à se relever. Elle jetait constamment des coups d’œils inquiets derrière eux mais Arkanthos accaparait toute l'attention des hybrides. Ils passèrent à côté d'un cadavre calciné. Nulyas. Bellestra ne put s'empêcher de se sentir coupable mais pour rien au monde elle n'arrêterait sa course.
   La brêche ! Elle la traversa et s'effondra contre un des rondins de bois pour reprendre son souffle. Vexis descendit de son arbre à toute vitesse et s'agenouilla devant elle. Son regard inquiet en dit plus long que n'importe quelle question.
   - Nulyas est mort, expliqua t'elle difficilement. Un piège... On a été vu par... Je ne sais pas quoi...
   Vexis leva les yeux vers la nuée d'aigles. Finalement il aurait du les abattre. Il se redressa et s'apprêta à traverser la brèche quand la main faiblarde de sa commandante se referma sur sa jambe. Il la foudroya du regard mais elle secoua mollement la tête.


   Nalorakk plongea sur le troll, profitant du fait qu'il jaugeait son prochain adversaire. Il hurla de rage et le plaqua au sol. Il se releva et poussa un nouveau hurlement de rage avant de regarder Poi'lo se lever.
   - Je ne serais plus le second ! Hurla l'hybride. Tu m'entends ? Plus jamais tu ne me battras ! Je SUIS l'Ours !
   Poi'lo ne répondit pas et bondit en arrière lorsque Nalorakk trancha en direction de son ventre. Il évita de peu les griffes mais ne réagit pas assez vite quand l'hybride lança son pied dans son ventre. Le troll tomba à genoux, le souffle coupé. Il n'eut pas le temps de récupérer qu'il prit un nouveau coup au menton.
   Irken profita du retournement de situation pour rejoindre Arkanthos. Il utilisa ses pouvoirs pour lui procurer quelques soins et redonner des forces au guerrier épuisé. Par chance, le guerrier et le troll l'avaient défendu des deux demi-dieux mais maintenant que leur guide semblait hors de contrôle, le prêtre ne savait plus trop quoi faire et tremblait de tout ses membres. Le guerrier quand à lui suivait le combat et n'en perdait pas une miette.
   Les deux trolls semblaient de force égale. Chacun cognait l'autre avec toute sa rage et sa haine et à chaque fois qu'ils tombaient, il ne leur fallait que quelques secondes pour se relever. Jamais il n'arriverait à terrasser l'un des deux, pas dans cet état. Mais le défi le tentait et il sentait son instinct lui hurler de se jeter dans la mêlée, de tester ses forces contre un ennemi hors du commun. Mais c'est la voix paniquée de Irken qui le ramena à la réalité.
   - Arkanthos ! Il faut partir tant qu'il est occupé ou on va y rester !
   - Toi, fuis. Je ne suis pas en état de courir et si par hasard tu voulais m'aider, tu serais ralenti et on y passerait tout les deux.
   On a une occasion en or...
   - Tire toi je te dis ! Hurla le guerrier alors que Poi'lo jetait le corps de l'hybride contre une colonne de pierre.
   Il vit le regard du prêtre passer de son visage au combat féroce. Irken secoua la tête et recula. Arkanthos savait qu'il avait fait plus qu'il ne pouvait. Il serra la poignée de sa dernière lame, conscient que l'hybride ne tiendrait plus très longtemps. Ses blessures mettaient plus de temps à se fermer que celles du troll. Le vieux guerrier jeta un coup d’œil à Irken et le fusilla du regard quand il le vit encore là.
   C'est à ce moment précis qu'un pieu se matérialisa au travers du corps du prêtre. Il le vit prendre le pieu dans ses mains, comme pour s'assurer qu'il existait bel et bien alors qu'un filet de sang coulait entre ses lèvres. Irken s'effondra pendant que le dernier survivant se tournait vers le troll enragé.
   Poi'lo tenait entre ses doigts un autre pieu. Il le lança vers Arkanthos qui l'évita sans mal. Le troll sentait cette soif inextinguible de sang bouillonner en lui. La proximité avec son dieu avait embrasé son esprit et il ne restait alors que le combat et la mort. Il évita la succession de coups de l'elfe en ricanant et roula en avant alors qu'une lame s'enfonçait profondément dans le tronc du sapin derrière lui.
   Il retira la lance improvisée du corps sans vie du prêtre et se mit en position pour attaquer. Arkanthos retira d'un coup sec son épée du tronc. Les deux hommes se tournèrent autour, chacun cherchant une ouverture, un faux pas. Ce fut finalement Poi'lo qui s'élança en premier. Il plongea droit sur le cœur d'Arkanthos mais sa lance de bois fut déviée d'un violent coup d'épée et enchaîna avec un coup de pied droit dans son visage. Le troll lâcha sa lance sous l'impact violent et recula en se cachant le visage.
   Le guerrier eut un léger sourire et poursuivit l'assaut. Le troll, pris de court, ne recula qu'au dernier moment et la lame d'Arkanthos traça un profond sillon au niveau de son œil droit. Il ne laissa cependant pas le temps à l'elfe de continuer et fit un pas de côté en gardant la jambe tendue. Habitué des petites ruses, le guerrier sauta au dessus, l'épée levée. Le troll cueillit l'elfe d'un coup de poing dans les poumons et l'envoya rouler plus loin.
   Le souffle coupé, Arkanthos restait incapable de se relever. Il essaya à plusieurs reprises et quand il vit le visage du troll au dessus du sien, il lâcha son épée et accueillit la mort avec un sourire.
   - Putain d'animal...


   Bellestra était repartie vers la clairière d'où étaient sortis les hybrides. Elle espérait sincèrement qu'Arkanthos, Poi'lo et Irken soient encore vivants. Mais leurs adversaires n'en restaient pas moins des demi-dieux, des aberrations créées pour tuer. Elle passa une fois de plus à côté du cadavre carbonisé de Nulyas et se demanda si elle arriverait à le ramener après.
Son esprit était un chaos bouillant d'idées, ses espoirs s'y entrechoquaient avec ses pires craintes de manière si violente qu'elle ne fit pas attention au silence qui régnait. Et en l'espace d'un instant, ses rêves furent balayés par un scénario si terrible qu'elle refusait d'y croire même en le voyant se terminer.
   D'abord, elle aperçut la silhouette inanimée de Jan'alai dans la descent d'où il était arrivé avec Daakara et Nalorakk. Puis Halazzi se révéla à ses yeux, clouée à un arbre par l'épée d'Arkanthos. Akil'zon gisait pas loin, la respiration surement faible au vu des mouvements de son torse. Elle chercha Nalorakk mais ne vit que le corps d'Irken, un trou au milieu de la poitrine et son sang coulant jusqu'au milieu du creux. Elle suivit sa trace rouge et découvrit Poi'lo au dessus du guerrier. Elle refusa la présence du pieu entre ses mains sans pour autant ralentir. Dans une tentative désespérée de rendre ses esprits au troll, elle hurla.
   Mais rien n'y fit. Poi'lo abattit le pieu et l'enfonça dans le cœur d'Arkanthos. Il le retira aussi sèchement qu'il l'avait enfoncé et le jeta derrière lui avant de fuir en direction de la rivière qui traversait Zul'aman en son cœur.


   Bellestra eut un moment d'absence et resta debout devant les restes du combat sans bouger. Quand Jan'alai remua, elle décampa vers la brèche et la traversa pour retrouver Lyan et Vexis et repartir au plus vite vers Lune d'Argent afin de mettre le Seigneur régent et Araniar au courant de l'existence des hybrides.


   Daakara revint peu avant l'aube. Ses quatre champions pensaient leur plaies et tentaient de contenir un Nalorakk fou de rage. Il renvoya les dieux à leurs temples respectifs pour récupérer et grommela. Il perdait au moins une journée, le temps qu'ils se remettent tous sur pieds. Il prit les cadavres et se dirigea vers la grande porte. Il ordonna l'ouverture immédiate et jeta les deux corps du haut des escaliers alors que son armée l'acclamait. D'un geste de la main, il fit taire les cris.
   - Cette nuit, ya des elfes qui sont venus pour essayer de me tuer. Ces peureux, cracha le chef de guerre, ils se pissent tellement dessus qu'ils envoient des assassins pour me tuer ! Regardez ce qu'ils sont maintenant ! Des cadavres qui seront dévorés par les vers ! Personne il tue Daakara !
   Il prit un moment pour savourer les cris de victoires et reprit la parole.
   - J'vais pas laisser ça impuni, les mecs. Demain, la moitié d'entre vous ils vont m'accompagner et on va raser leur sanctum qu'est plus loin ! Et dans deux jours, avec l'aide de nos dieux, on prendra leur village en ruine ! Et on continuera jusqu'à récupérer nos terres ! Gloire aux Amanis ! A mort les elfes !
   - Gloire aux Amanis ! Gloire à Daakara l'Immortel ! Gloire aux loas ! Répondit la foule à l'unisson.
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